Mes photos préférées

Lieux et événements : deux portes d’entrée complémentaires pour parcourir mes photographies.
Un lieu se contemple, se visite, se découvre pas à pas. Mais il ne prend vraiment toute sa dimension que lorsqu’il se remplit de vie, lorsque les rues bruissent d’une procession, lorsqu’une place s’embrase au rythme d’une fête ou qu’un quartier s’anime au passage d’un cortège. C’est dans cette rencontre entre l’espace et l’instant que mes images trouvent leur équilibre.

En construisant cette classification, j’ai voulu aller au-delà d’une simple cartographie. Bien sûr, les pays, les villes et les quartiers sont les premiers repères : ils offrent la structure nécessaire pour se situer. Lisbonne, València, Bruxelles ou Alicante deviennent des points d’ancrage dans un voyage photographique. Mais ces noms propres ne disent pas tout. Car ce que je cherche à montrer, ce ne sont pas seulement les pierres, les places ou les monuments : c’est l’atmosphère particulière qui les habite.

C’est pourquoi cette taxonomie accorde une place égale aux événements. Ceux-ci transforment radicalement un lieu, le métamorphosent l’espace de quelques heures ou de quelques jours. À València, le mois de mars s’embrase avec les Fallas : des sculptures éphémères s’élèvent dans les rues, les explosions de pétards rythment le quotidien, et la foule envahit chaque place. Quelques semaines plus tard, la Semaine Pascale déroule ses processions solennelles, mélange de ferveur, de recueillement et de mise en scène. Lisbonne, elle, fait résonner ses collines au son des fanfares et des chants traditionnels, tandis que ses miradouros se remplissent d’une vie joyeuse et partagée.

Ainsi, « Lieux & événements » n’est pas un simple répertoire. C’est un carnet visuel qui combine géographie et temporalité. D’un côté, les espaces : un pays, une ville, un quartier, parfois un monument ou un point de vue. De l’autre, les instants : une fête populaire, une manifestation culturelle, une procession religieuse, ou même un rassemblement spontané. Ces deux axes s’entrelacent pour composer un récit photographique plus riche, où l’on peut à la fois reconnaître un décor et sentir la vibration de ce qui s’y déroule.

Ce choix éditorial reflète aussi ma manière de photographier. Même lorsque je travaille en couleur, mon regard reste profondément influencé par le noir et blanc : je perçois d’abord les structures, les contrastes, les lignes et les volumes. Les teintes viennent ensuite, comme un voile qui enrichit mais ne modifie pas l’essentiel. J’observe un paysage ou une scène comme une construction graphique, où l’ombre et la lumière dialoguent plus que les couleurs.

Une autre fascination traverse mon travail : celle de l’eau. Qu’elle soit rivière, mer, fontaine ou simple flaque urbaine, elle me retient toujours par ses jeux de miroirs. L’eau dédouble les façades, brouille les contours, invente une géométrie mouvante. Elle introduit dans mes images une part d’incertitude et de poésie, un équilibre fragile entre reflet et réalité.

En parcourant ces pages, vous pourrez donc voyager de pays en pays mais aussi de fête en fête. Vous passerez des ruelles silencieuses aux foules en liesse, des pierres anciennes aux éclats de lumière des feux d’artifice, des façades massives aux surfaces liquides qui les reflètent. Vous verrez comment un même décor peut changer de visage selon le moment où l’on y pose son regard, ou se transformer sous l’effet d’un miroir d’eau.

Au fond, cette classification « Lieux et événements » raconte une conviction simple : il n’existe pas de lieu sans vie, et pas d’événement sans espace pour l’accueillir. Ce sont les deux faces indissociables d’une même expérience visuelle, celles qu’« Ombres et Lumières » s’efforce de partager.