Valencia — Journée internationale de la femme 2018

Le hasard d’une rencontre

Ce jour-là, je marchais dans la ville, appareil photo en main, pensant trouver d’autres traces des Fallas.
Le bruit des pétards résonnait encore entre les façades, la chaleur montait déjà du pavé.
Et puis, au détour d’une rue, le son a changé.
Ce n’était plus la détonation du feu, mais le rythme des voix, des slogans, des tambours.
Une marée humaine s’avançait, colorée, dense, déterminée.
C’était la Journée internationale de la femme, en mars 2018, en pleine effervescence des Fallas.
Deux mouvements de foule, deux énergies, deux manières d’occuper la ville — l’une festive, l’autre revendicative — réunies dans la même lumière.

L’Avenida de Colón

La manifestation traversait l’Avenida de Colón, l’une des grandes artères de Valencia.
D’un côté, une partie de la foule arrivait depuis la gare du Nord, déjà pleine de chants et de banderoles ; de l’autre, un cortège s’avançait depuis la station de métro Colón.
Les deux flux se rejoignaient au centre de l’avenue, dans un mélange d’énergie et de lumière.
La perspective longue, bordée d’immeubles clairs, amplifiait le mouvement.
Les slogans résonnaient contre les façades, les drapeaux violets ondulaient dans le vent chaud.
La manifestation se déroulait dans une clarté éclatante : une rue entière devenue lieu de parole.

La lumière du jour

La lumière était forte, sans nuance, presque blanche.
Les banderoles y accrochaient leurs lettres violettes, leurs reflets de papier, leurs plis soudains.
Chaque visage se découpait nettement, les ombres courtes, la sueur sur les fronts.
C’était une lumière franche, directe, sans refuge possible — à l’image du mouvement.
La photographie s’y confrontait comme à un miroir : impossible de tricher, tout se montrait.
Les voix résonnaient entre les murs comme dans une chambre d’écho.
Le soleil, au zénith, semblait lui aussi participer, amplifiant chaque éclat, chaque geste levé.

La coïncidence avec les Fallas

Tout autour, la ville portait encore les signes de la fête.
Des sculptures géantes se dressaient au croisement des rues, colorées, grotesques, prêtes à brûler quelques jours plus tard.
L’odeur du feu d’artifice se mêlait à celle du bitume chaud.
Cette juxtaposition donnait à la scène une dimension étrange : la revendication dans un décor de carnaval, la gravité au milieu des cris de fête.
Les passants hésitaient entre amusement et respect, entre curiosité et silence.
La photographie tentait de saisir cette tension : le contraste entre la célébration et la conscience.
Valencia, en ce jour de mars, portait deux visages : celui de la joie et celui de la lutte.

Les visages et les gestes

Plus que tout, c’est la joie qui dominait.
Des chants, des rires, des applaudissements rythmaient la marche.
Les pancartes se levaient comme des étendards, décorées de dessins, de mots inventifs, d’humour parfois mordant.
Les femmes avançaient en groupes, bras levés, dans une atmosphère de fête plus que de colère.
Certains dansaient au son des tambours, d’autres tapaient dans leurs mains ou scandaient les refrains collectifs.
Le mouvement n’était pas seulement revendicatif : il était vivant, coloré, plein d’énergie.
La photographie captait cette vibration, ce mélange d’émotion et de liberté.

La mémoire de la marche

La manifestation s’est achevée devant la gare du Nord, dans un éclat de voix et d’applaudissements.
Peu à peu, les groupes se sont dispersés dans la lumière du soir.
Les feux d’artifice ont repris, les rues se sont à nouveau remplies de visiteurs venus pour les Fallas.
Mais quelque chose avait changé.
La lumière semblait plus aiguë, plus consciente.
Les slogans résonnaient encore dans ma tête, comme une autre forme d’écho, plus intérieur.
Photographier cet instant, c’était saisir la ville dans sa pluralité : la fête et la parole, le feu et la voix.
La Journée internationale de la femme 2018, à Valencia, n’a pas seulement traversé la ville — elle l’a éclairée autrement.